« Une semaine de Luxe » LA VENGEANCE

La roue finit toujours par tourner. A force de tenter. Les probabilités. J’ai une semaine de retard sur nos aventures. Mais je vais aller vite sur la première des deux semaines parce que le gros kiff c’était la semaine qui vient de s’écouler.

Donc après une semaine à avoir semer mes CV dans tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin au cinéma, à savoir tous les vidéos clubs de Wellington, les salles de cinéma, les théâtres… Je m’étais presque résolu à rappeler Hays (l’agence qui m’envoyait sur les chantiers) pour me remettre au grain grain. Quand le Jeudi un de mes potes du rugby me dit, tu devrais appeler un ami à moi, je ne sais pas trop ce qu’il fait mais il travaille dans l’audiovisuel. J’appelle donc ce bougre, et sans même me rencontrer, il m’invite à le rejoindre sur un tournage dimanche parce qu’il a besoin de renfort. C’est pourquoi je n’ai pas écrit le blog dimanche dernier, car j’étais au Westpac Stadium (le grand stade de Wellington) sur le tournage d’une pub pour la reprise du championnat de rugby l’« ITM Cup ». Pour information, en Nouvelle Zélande il y a deux championnats qui se succèdent, le premier c’est le super 15 qui réunit les grosses franchises de Nouvelle Zélande d’Australie et d’Afrique du Sud, récemment remporté par les Chiefs, le second c’est donc l’ITM Cup qui concerne uniquement l’élite des équipes Néo Zélandaises. J’ai donc filé un coup de main dans ce stade complètement vide pour l’occasion. Après le Cirque d’Hiver, le Palais de Congrès, le Grand Rex, Bercy, le stade de France, encore un pu…n de stade à mon tableau de chasse, héhé. Le principe du tournage était de capter des réactions de spectateurs en slow motion, pour ensuite les associer avec des images d’actions sur le terrain de la saison dernière. Pour ma part j’ai aidé à mettre le matos en place, la caméra de location utilisée, une RED Epic, était une des soldates de la trentaine de RED Epic qui composait l’armée de caméras du Hobbit. Petite anecdote, certaines figurantes étaient des coéquipières de l’équipe de Virginie, Wellington est vraiment petite. Le tournage se faisant, je discute avec le réalisateur et le producteur qui sont en fait les deux leaders d’une petite boîte de post prod nommé DUSK. Je raconte un peu mon parcours en mentionnant le fait qu’il m’arrive de faire des montages de temps en temps. Et le gars me demande direct si je suis dispo pour faire le montage de la pub qu’on est en train de tourner parce que leur spécialités ce sont les effets spéciaux numériques et qu’il aimerait avoir un « vrai » monteur pour faire le boulot. Il veut juste que je lui montre quelque chose en garantit, et bien sûr en tant que chasseur de taf que je suis devenu, j’avais mon ordi avec moi. Je lui ai simplement montrer le shooting photo que j’avais monté quelques jours plus tôt, et Amen « tu viens demain à la boîte et on commence à travailler dessus ». La pause déjeuner nous a ironiquement amené à Bordeaux Bakery tout proche du stade, et sans le savoir toute l’équipe s’est nourri des sandwichs préparés par Virginie dans la matinée. La boucle est bouclée.

Le tournage se termine tranquillement, je me fais ramener par un gars de l’équipe, et je m’attelle à apprendre en une soirée un nouveau logiciel de montage utilisé par la boîte mais jamais par moi, et comment gérer des rushs de RED Epic pour ne pas trop passer pour un escroc le lendemain. Challenge accepted !

La classe n’ayant pas de limite, le boss vient me chercher le matin pour m’amener à la boîte en plein centre ville, Virginie étant toujours prioritaire sur Patrick avec son effroyable 3h du mat.

Me voici donc en train de travailler au sein de cette petite boîte chébran avec des gars vraiment cool qui ont su m’attribuer leur confiance directement. On parle de salaire au début, je reste relativement humble sur mes tarifs, le gars me disant qu’il s’adapterait à mon rendement et à la qualité de mon travail, ce que je comprends complètement étant donné qu’il m’a littéralement embauché à l’aveugle. On s’accorde donc initialement sur un tarif journalier. Il s’avère que mon apprentissage de la veille a été payant (Dieu bénisse internet), ça me rappelle mes années sur les bancs de l’école avec cette indétrônable technique d’apprentissage qui consiste à ingurgiter l’intégralité du contenu de l’examen la veille au soir au dernier moment et complètement à l’arrache. Technique plusieurs fois approuvée. Et deux jours plus tard, le boss me dit être vraiment content de la qualité de mon travail et qu’il augmente mon salaire. J’aime ce pays. A peu de chose près je gagne en journée, ce que je gagnais en une semaine avec les chantiers.

Evidemment c’est temporaire et juste le temps de cette pub, mais quel plaisir de se lever le matin et faire un travail qu’on adore, réunissant montage et rugby en plein centre de Wellington. Dès la première version envoyé au client, la fédération Néo Zélandaise de rugby, les retours ont été super positifs dès le début ce qui est plutôt rare en pub. J’ai ainsi travaillé toute la semaine chez Dusk peaufinant chaque jour ces trente secondes de montage. Les journées sont passées à la vitesse de l’éclair, pas une seule fois je n’ai eu à regarder ma montre me demandant quand je pourrais partir, parce que c’était simplement le pied de faire ce boulot. Quand j’ai choisi cette voie ado et fasciné devant un tas de films américains, je me rêvais un jour travailler en Anglais sur des projets bien cool, et pendant cette semaine ce fut chose faite, débattant avec mes confrères kiwi de la meilleur façon de traiter cette pub qui invite les Néo Zélandais à supporter leurs équipes.

Pour me rendre au travail plusieurs moyens ont été tentés, le patron faisant office de chauffeur, le vélo et le long board de notre colloc. Le patron c’est la classe mais un peu culpabilisant. Le long board ce n’est pas encore ça, ça va demander un peu de pratique et Wellington est plutôt pentu donc ce n’est pas évident. Prendre de la vitesse dans les pentes sur les trottoirs au bord de la route soulève un problème, tant que ça fonce ça va l’équilibre acquis en snowboard aidant, par contre il y a un moment où il faut freiner. Que quelqu’un m’explique où se trouve le frein ou la neige pour amortir la vitesse. Pour l’instant j’ai dû me contenter d’envoyer la planche dans un carré d’herbe dès que ça se présentait, pas de chute mais ce n’est pas encore validé. Le vélo, ça c’est bien cool, le seul problème c’est que t’arrives intégralement coulant au travail. Voici grosso modo mes problèmes de la semaine, le reste étant du pur bonheur. Je ne peux pas encore vous montrer la pub, je n’ai évidemment pas le droit de la diffuser sur internet tant qu’elle n’est pas encore sortie sur toutes les chaînes de télé du pays. Mais ça devrait être fait d’ici peu, je m’empresserai alors de la faire tourner.

Et de bonnes nouvelles en entrainant d’autres, une des employées de la société des collocs vient de partir. Du coup en plus de la boulangerie, Virginie a commencé à travailler dans le petit atelier de confection d’abats jour, un travail manuel artisanal assez sympa à faire. L’atelier se trouve dans une pièce de la maison.

Et pour finir cette semaine en beauté, Virginie et ses consœurs rugbywoman se sont fait une petite soirée entre nana dans un resto Thaï. Et pour moi, samedi a sonné la fin de la saison officielle de mon équipe, ce qui a inévitablement entrainé une autre « court session » pour célébrer toute cette saison. Le thème « Thight and Bright » (moulant et brillant), je vous laisse voir ce que ça donne en image. Tous les joueurs internationaux, deux Anglais, un Galois et un Français moi-même ont dû chanter leur hymne national respectif. Le chanteur grotesque que je suis a été bien aidé dans ma performance par mon jeu de scène avec ma super canne bling bling et surtout par toute l’équipe kiwi, qui bien qu’étrangère aux paroles de la Marseillaise connaissait parfaitement la mélodie et m’a accompagné avec des « LaLaLaLa… » et tapant du pied en cadence, un grand moment de fierté pour un coq chez les kiwis. Autre grand moment quand Jack le Galois a chanté son hymne, pas d’accompagnement cette fois car tout le monde a été scotché, à la base l’hymne Galois est magnifique et ce bâtard de Jack a une voix de fou qui a résonné dans tout le club. Magique. Jusqu’à ce qu’en récompense de nos efforts, les kiwis ont exécutés le haka Kama Te dans ces tenues improbables, je vous laisse apprécier le résultat. C’est collector.

C’était encore une soirée de malade, jetez un œil sur la quantité de pichets de bière empilés, ajoutez à cela des bouteilles de whisky et de tequila qu’il est impossible de fuir dans ce huit clos de vestiaire. Un des pichets, sur une maladresse brillante de bêtise a finit sa course sur mon crane, colorant un peu l’intérieur de mon chapeau scintillant, j’avais l’impression de porter une serviette hygiénique sur la tête, c’était chouette. Rien de méchant au final, pas de points nécessaires. Après le goulag du vestiaire, la soirée a bifurqué dans une boîte du centre ville. J’ai rejoins les gars un peu après, j’étais donc seul à faire la queue pour rentrer dans la boîte au milieu de gens hyper apprêtés, mon tour venant, les deux videurs m’ont regardé de la tête au pied avec mon maquillage fluo plein la tronche, mon chapeau sanguinolents et mes bretelles. Ils se sont regardés ont explosés de rire et m’ont laissé entrer résignés, on ne peut que s’incliner devant le génie du ridicule.

Cette petite histoire m’a ramené à la maison un peu avant 6h du matin et a clôturé une semaine de luxe. Sans ironie cette fois :)